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vieillard. » — « Peintre ! reprit le petit-maître, en regardant avec étonnement le vieillard et sa main droite en écharpe ; au moins, vous n’en devez pas faire par jour un grand nombre de toises ? » — « Ah ! l’habitude ! lui répondit le vieillard. » — «  L’habitude ?… oui, je conçois, répliqua le jeune homme ; eh bien ! mais j’ai à Rouen des amis, des connaissances : il n’est pas que, chez tout ce monde-là, il n’y ait des salons à peindre, des plafonds à remettre en blanc ; on pourrait parler de vous ; mais encore faudrait-il savoir comment vous travaillez. Par qui avez-vous été employé ? Votre nom ! »

Le vieillard n’eut pas le temps de répondre ; peut-être même n’avait-il pas bien entendu ces questions ; car en ce moment, un brillant équipage, accourant de Rouen, au galop et à grand bruit, venait de faire halte, subitement, au regret visible de six chevaux noirs bien fringants, qui, de leurs pieds, frappaient impatiemment la terre. Plusieurs laquais, revêtus d’une riche livrée, parurent à la portière de la lourde voiture publique : « M. Jouvenet et madame sa sœur ne sont-ils pas dans le carrosse ? » dit l’un d’eux. — « Oui nous voilà ! » répondit le vieillard à la main en écharpe. » — « Monsieur et Madame, reprit le laquais, veuillez descendre : monseigneur le président est là, dans son équipage, avec monsieur son fils et deux de