Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.

exemple, si l’on voulait raconter les longs démêlés qui eurent lieu, au xviie siècle, entre la paroisse de Saint-Nicaise et celle de Saint-Godard ?

Elle tenait à bien des causes, l’antipathie qui divisait les habitants de ces deux quartiers. À Saint-Godard étaient les praticiens, les riches, les heureux du siècle, les somptueux hôtels qui étalaient à leurs frontispices les armoiries des nobles familles. Dans ces demeures, peu éloignées du palais, ce n’étaient que magistrats du Parlement, de la Chambre des Comptes, de la Cour des Aides et du Bailliage. Combien, à Saint-Nicaise, on était éloigné de cette élégance ! Là, point d’hôtels, point d’armoiries, de grands personnages, ni de grands noms ; point de doux loisirs non plus ; mais, dans d’étroits et pauvres réduits, souvent dans des caves humides et malsaines, le travail, un travail continuel, pénible et toutefois peu rétribué : c’étaient les ouvriers de la draperie, les tisserands, les laneurs, les éplucheurs, les tondeurs ; sauf dans les rues les plus hautes, qu’habitaient des jardiniers, des marchands de fleurs, de fruits et de légumes. Là, en un mot, s’accomplissait à la lettre, et sans cesse, cet arrêt prononcé naguère à l’homme : Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front.

Et si ces deux quartiers différaient tant par la for-