Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/137

Cette page a été validée par deux contributeurs.

appendait lorsque le Roi était dans la province ; et, en tout temps, cet immense tableau, où l’on voyait Louis XII, le père du peuple, et son vertueux ministre, son fidèle ami, le bon cardinal d’Amboise, lui qui avait doté la province d’un échiquier permanent, de la justice tous les jours et à toute heure ! Lorsque, dans un grand jour de solennité judiciaire, cent magistrats étaient là assis en jugement, avec leurs longues barbes blanches et leurs robes d’écarlate, ayant à leur tête leurs présidents revêtus de manteaux fourrés d’hermine, et que, devant le premier président, assis dans l’angle, on voyait resplendir deux mains de justice croisées sous un mortier ; saisis de respect, étonnés de tant de magnificence et de majesté, les justiciables s’inclinaient devant ce sénat imposant. Mais qu’était-ce, lorsqu’en levant les yeux, on voyait, au-dessus de tous ces magistrats assemblés, ce beau tableau du Crucifix, où paraissait Moïse le législateur, les quatre Évangélistes, et au premier plan, le Christ entre sa mère et l’apôtre ? À cet aspect, on ne pouvait se défendre d’un mouvement de crainte, et tout-à-coup revenaient en mémoire ces beaux vers où le Psalmiste nous peint Dieu opinant et rendant la justice avec eux.

C’était dans ce sanctuaire auguste que, la veille de Noël, au matin, Messieurs de la grand’chambre et de