Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/127

Cette page a été validée par deux contributeurs.

, était venu y ouvrir boutique ; on ne savait d’où venait cet homme ; son air, l’expression de sa physionomie, avaient quelque chose d’étrange ; il ne disait rien de ses antécédents ; et ceux qui avaient hasardé des questions sur ce point n’avaient reçu que des réponses évasives, faites avec un embarras mal déguisé. Frappé de l’analogie de son commerce avec celui qu’avait fait Zambelli, averti par un sentiment involontaire, je lui envoyai quelqu’un, qui, sous prétexte de faire des emplettes, s’entretint longuement avec lui, et, dans la conversation, prononça le nom de Zambelli. A ce nom, il vit Martel pâlir et le regarder d’un air d’inquiétude et d’angoisse. Ce fait, qui me fut rapporté, ne pouvait que fortifier mes soupçons. Je résolus donc de passer outre ; mais ici (je le reconnais), l’excès de mon zèle m’a égaré. Par mon ordre, un sergent alla chez Martel réclamer le montant d’une obligation fausse de quatre cents écus que j’avais fait fabriquer sous un nom supposé, et qui était payable par corps. Martel, aussitôt qu’il vit ce billet, cria à la fausseté, et refusa de payer. Sommé par ce sergent de se rendre en prison, Martel, n’obéissant qu’à un premier mouvement, suivit aussitôt le sergent avec la sécurité d’un homme certain qu’il ne doit rien ; mais, bientôt, s’arrêtant tout-à-coup, et laissant apercevoir un trouble extrême : « Je suis bien tranquille