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LES AVENTURIERS DE LA MER


l’Amérique, est coulé, près de Holyhead, par le steamer le Nottingham, de Dublin ; cette collision causa la mort de cent vingt-deux personnes.

Le 29 avril 1853, autre collision, dans la Manche, entre la Favorite, se rendant de Brème à Baltimore, et le navire américain Hesper : deux cent un morts.

Le 3 février 1856, le steamer anglais Joséphine-Willis est coulé, encore dans la Manche, par le vapeur à hélice Mangerton : soixante-dix victimes.

Le 7 mai 1869, vers deux heures du matin, par une mer houleuse, le paquebot le Général-Abbatucci, capitaine Nicolaï, de la Compagnie Valery, allant de Marseille à Civita-Vecchia, fut abordé par le brick norvégien Edward-Hvidt, capitaine Jensen. Le brick, après avoir fait au paquebot une grande ouverture à l’avant, s’était éloigné, assez mal arrangé lui-même. Il fallut que le capitaine Nicolaï envoyât un canot à son bord pour réclamer du secours ; dans ce canot, quatre matelots et le second du capitaine devaient prendre place : quatorze hommes de l’équipage du Général-Abbatucci, obéissant à la peur, abandonnèrent le paquebot en péril, et, lorsque le second voulut revenir, aucun de ces hommes ne voulant l’aider à ramener le canot, il ne put lutter contre la mer et fut englouti.

En l’absence de tout secours, le capitaine Nicolaï fit route désespérément sur le brick norvégien, et l’élongea à tout risque par tribord de l’arrière à l’avant, manœuvre grâce à laquelle plusieurs passagers et matelots purent sauter sur le pont du navire abordeur ; mais le brick refusait de mettre en panne et d’envoyer ses embarcations ; le capitaine Nicolaï, faisant machine en arrière, réussit une seconde fois à l’accoster, ce qui permit encore à une quinzaine de passagers de se sauver. « Malheureusement, écrit le capitaine dans son rapport, ne recevant ni amarres, ni aucun secours de ce navire qui s’éloignait de plus en plus de nous, après deux heures de fatigues et de manœuvres, je commençais à désespérer, quand vers quatre heures, le jour se faisant à l’horizon, j’aperçus un navire au large. Je mis immédiatement mon pavillon en berne, et, à mes signaux de détresse, ce navire fit route sur nous ; mais la pression de l’eau enfonça la cloison étanche, et alors l’eau gagna avec une rapidité effrayante le bateau qui nous manquait sous les pieds.

« Je criai le « sauve qui peut », et le premier je donnai l’exemple en me jetant à la mer. Deux minutes après, le navire sombrait.