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LES AVENTURIERS DE LA MER


n’a pas été sans gloire. Ordre est donné de construire un radeau ; on le lance, et les embarcations mises à l’eau s’emplissent de marins. Au moment où tout semblait disposé pour le sauvetage, — et sans doute on n’avait pas assez fait pour cela — le Bourbon dont la ligne de flottaison se trouvait au niveau des sabords fermés, fut englouti soudainement : vaisseau, chaloupe et radeau disparurent aux yeux de ceux, plus favorisés, qui avaient pris place dans les embarcations et qui ne durent leur salut qu’à la distance où ces embarcations se trouvaient. Ce jour-là périrent le capitaine du Bourbon, cinq de ses officiers, et six cent dix-sept marins de son équipage.

Une voie d’eau s’était déclarée dans la coque du vaisseau anglais l’Union qui faisait voile pour Gibraltar (1775) avec de nombreuses troupes à bord. Le capitaine Neal perdit la tête, commanda plusieurs fausses manœuvres, périt en voulant se sauver des premiers, et les passagers n’eurent que la ressource d’aller s’échouer sur un banc de sable de l’île de Ré. Le sauvetage fut accompli très courageusement par la garnison de l’île.

C’est aussi par une voie d’eau que périt la Junon, bâtiment de 450 tonneaux, parti de Rangoun avec une cinquantaine d’hommes d’équipage et quelques passagers, au nombre desquels plusieurs femmes. Il toucha, peu après son départ, sur un fond de sable fin, ce qui occasionna dans la coque des avaries que l’on ne connut pas tout d’abord. Le voyage fut poursuivi ; mais une grosse mer fatigua beaucoup le navire ; et enfin une voie d’eau se déclara. On para tant bien que mal aux difficultés de la situation, surtout par le jeu actif de toutes les pompes ; mais après quinze jours d’un labeur incessant, l’équipage commença à concevoir des craintes sérieuses pour son salut.

La Junon était commandée par le capitaine Bremner, et avait pour second maître John Mackay, qui a donné une intéressante relation de ce naufrage. Lorsque les hommes se montrèrent épuisés par la fatigue et la privation de repos, on se décida à mettre dehors toutes les voiles que le vaisseau pouvait porter, et d’arriver vent arrière, de manière à gagner la partie la plus proche de la côte de Coromandel. « On mit donc dehors les huniers et les basses voiles, en prenant tous les ris, mais les pompes exigeaient un travail si assidu, qu’il ne fut pas possible de donner l’attention nécessaire aux voiles, de sorte que bientôt le vent les eut toutes enlevées, à l’exception de la misaine. Nous mîmes donc en travers, dit John Mackay. Le bâtiment s’enfonçait tellement et devenait