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L’Anglais indiqua Méloir et dit :

— Quelle est cette garçon ?

— C’est mon domestique, sir, répondit Maurice. Il nous sera utile ; et dès ce moment, je le mets à vos ordres. Méloir, débarrassez sir William de son sac de voyage.

Méloir mit plus que de l’empressement à accomplir cet ordre : tenant le sac du baronnet, il pensait déjà tenir le baronnet lui-même.

Sir William respira plus à l’aise ; sa défiance se dissipait ; il ne lui restait que le plaisir que lui procurait la rencontre de ces deux jeunes gens qui lui étaient sympathiques et qui certainement donneraient des nouvelles de lui à milady.

— Enfin, c’est décidé, lui dit Maurice, nous partons pour Luchon, comme cela ? sans autre préparation ?…

— Oui, nous partons, dit le baronnet ; dans dix minutes, ajouta-t-il en consultant le cadran de la gare. Il n’y a qu’une chose qui me gêne.

— Peut-on savoir ?… toujours sans indiscrétion ?…

Maurice souffrait, dans sa délicatesse, de ces demandes ainsi adressées au père de miss Kate.

— C’est de ne pas avoir ma montre à répétition. Je l’ai oubliée à Dax. On doit me la rapporter… démain.

Maurice et Jean savaient cela aussi bien que le baronnet.

— Mais je n’attendrai pas, reprit l’Anglais. Je reviendrai plutôt. Partons, partons. Hurrah ! Mes petits amis, je prends à ma charge la dépense de tout le monde. Aôh ! mes moyens me le permettent. Je dois me ruiner si je voulé que l’on dise que j’ai la folie des grandeurs.

Il n’y avait rien à répondre à un tel raisonnement.

Maurice aurait bien voulu annoncer à Caen la découverte qu’il venait de faire ; mais les quelques minutes nécessaires à l’expédition d’un télégramme lui faisant absolument défaut, il fallut se résoudre à suivre l’Anglais, et se contenter du résultat obtenu.

Sous son panache de fumée décrivant des orbes immenses, le convoi ondulait comme un gigantesque serpent à travers le département des Basses-Pyrénées, en passant par des localités de peu d’importance.

Le pays que l’on traversait était beau et riche en vignobles ; mais sur des collines se développaient trop librement les touyas, fourrés d’ajoncs, de fougères et de bruyères, au milieu desquels croissent clair-semés des chênes « tauzins. » Ces sortes de landes de mince produit occupent une place dont