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XVI

Le porte balle

Jean se tint bravement promesse : dès le lendemain, il demanda à Paris un ballot de livres pour le colportage. Maurice du Vergier à qui il s’était ouvert de son projet, sans toutefois lui dire ce qui le déterminait à prendre ce parti, l’avait encouragé et s’était mis à sa disposition le cas échéant. Et le dernier mot de Maurice, après les adieux de Jean et du pilote — qui était venu les rejoindre au quai d’embarquement — fut de souhaiter bon courage à son jeune ami.

— Surtout, lui cria-t-il, appuyez du côté de Caen, dans vos tournées…

Maurice emportait en Angleterre des compliments de Jean pour le baronnet et sa famille, particulièrement pour miss Kate : mais il avait refusé de prendre l’engagement absolu de garder le silence sur la mésaventure du bois de Mont-Mal, c’est-à-dire, sur la soustraction à main armé de la belle montre d’or et des billets de banque, présents de la jeune Anglaise et de son père.

Huit jours après, un énorme ballot de livres arriva au Courgain. Jean commençait à connaître suffisamment Calais et les environs de la ville, campagne à peine ondulée tirant son principal charme des grands arbres qui s’y développent.

Jean avait parcouru aussi les sables des dunes, que le vent poussait autrefois devant lui, et il comprit comment on avait réussi, grâce à des plantations d’oyats ou joncs maritimes, à empêcher ces monticules de cheminer.

Par désœuvrement, Jean allait chaque jour assister à l’arrivée et au départ des bateaux à vapeur qui établissent entre Calais et Douvres un service