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« Qu’importent les tempêtes
Et leurs bruyants efforts,
Puisqu’il n’est plus de fêtes
Sur aucun de mes ports !…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Sœur, comme toi féconde,

J’eus des jours triomphants :
L’été, la gerbe blonde
Couronnait mes enfants.

« J’eus des races vaillantes,
Des fils fiers et nombreux :
J’eus des villes bruyantes
Et des sentiers poudreux.

« J’étais gloire et lumière !
Et mes soirs étaient doux…
Le matin j’étais fière
Du soleil mon époux !

« Mais Dieu qui me fit belle
D’un souffle et d’un regard,
Sur mon grand front rebelle
Mit un voile blafard !

« Comme une ombre j’assiste
Aux fêtes de l’azur,
Je suis la mère triste
Traînant son deuil obscur !