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« Je suis spectre et fantôme !
Et, du sombre infini,
Je parcours le royaume,
Comme un monde banni.

« Je vais sans but, ni trêve,
Sans espoir pour demain !
Ainsi qu’on fuit en rêve,
Je poursuis mon chemin.

« Dans le ciel balancée,
Comme un morne flambeau,
Toujours triste et glacée,
Je ne suis qu’un tombeau !

« Que m’importe si l’heure
Me ramène le jour,
Puisqu’ici nul ne pleure
Sa fuite ou son retour ?

« Puisque dans mes bois sombres
On ne voit plus d’amants,
Que m’importent les ombres
Sur mes grands lacs dormants ?

« Nul n’entend plus les brises
Qui sanglotent parfois ;
Des hautes vagues grises
Nul n’entend plus les voix !