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L’AMOUR À SEPT ANS.



Croiriez-vous qu’à sept ans j’avais un amoureux ?
À cet âge l’amour n’étant point dangereux,
On nous laissait trotter tout le jour à notre aise.
Nous allions dans les bois pour y cueillir la fraise
Ou pour chercher des nids, si c’était la saison ;
Et quand venait le soir, rentrant à la maison,
Grand’mère nous donnait, si nous étions bien sages,
Un livre où nous trouvions de superbes images…
Oh ! quel plaisir c’était lorsque assis près du feu,
Vis à vis l’un de l’autre et grand’mère au milieu,
Nous la faisions chanter ou conter une histoire !
Tantôt dans ces récits, un homme à barbe noire
Emportait un enfant qui faisait le mutin
Ou qui ne voulait pas apprendre le latin ;
Tantôt, de Cendrillon, la puissante marraine
Lui donnait en secret des parures de reine…
Oh ! le temps passait vite en ces récits divers
Et malgré le sommeil nos yeux restaient ouverts !