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LA CONQUÊTE D’UN NID[1]



Je m’en souviens encor comme si c’était hier :
Je lui donnais le bras ; il en était tout fier !
Et nous marchions ainsi, tous deux à l’aventure,
Épiant chaque bruit que faisait la nature
Au lever du soleil… Le doux gazouillement
Des oiseaux nous jetait dans le ravissement !
Nous allions regarder dans les fleurs entr’ouvertes
Si nous surprendrions les demoiselles vertes ;
Ou bien les papillons au corsage azuré
Pour les porter dimanche à monsieur le curé
Qui, content, nous mettrait un baiser sur la joue.
Il avait plu la nuit ; les chemins pleins de boue
Arrêtaient notre course, et tous deux essoufflés
Nous errions au hasard foulant l’herbe et les blés.
« Vois-tu, me dit Joseph, auprès de ce vieux chêne
« J’ai trouvé, l’autre jour, bien caché par un frêne,
« Un joli petit nid dont les œufs sont éclos,
Voyons si les oiseaux ont les yeux toujours clos… »

  1. Cette pièce et celle qui suit ont obtenu une mention honorable de la part de la Société florimontane d’Annecy.