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LA COMPLAINTE DU ROULIER.


Toujours par voie et par chemin,
Qu’il pleuve, neige, grèle ou vente
Hier, aujourd’hui, puis demain.
Sans que jamais rien m’épouvante,
Chaque route a vu mon soulier,
Pauvre roulier !

Malgré mes pieds endoloris,
Pour mener vin, sucre et farine,
De Marseille jusqu’à Paris,
Près de mes roussins, je clopine,
N’ayant qu’un fouet pour mobilier,
Pauvre roulier !

Bravant la neige des hivers,
Je m’étends sous ma lourde taile ;
L’été, je tiens les yeux ouverts
Pour voir là haut flamber l’étoile
Que Dieu met dans son chandelier
Pour le roulier.