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Libres et fiers, buvant l’eau pure
Du fleuve bleu de l’idéal,
Nous passions… ne sentant du mal
Ni le venin, ni la morsure…

Elle savait tant de chansons
Sur les bois, l’amour et les roses
Que ses deux lèvres n’étaient closes
Qu’à l’heure où dorment les pinsons…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Et maintenant, quand sur ma route,

Las et courbé par le chagrin,
J’entends quelque jeune refrain,
Comme un souvenir, je l’écoute…

Mais rien ne peut me rendre, hélas !
Cette chère voix bien aimée,
Et cette bouche refermée,
Muette, dort sous les lilas !

Ami, la morte que je pleure
Mourut un doux soir de printemps,
Toujours, toujours, depuis ce temps,
Son souvenir en moi demeure !

Je ne la verrai plus jamais
La radieuse enchanteresse
Car, ami, c’était… ma jeunesse
La belle morte que j’aimais !…