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Al di che füro con la mente riedi.
Alcardo Aleardi.


Je te revois encor, pauvre chère maison,
Que les vents habitaient dans la froide saison !
Le toit rouge où le givre, en hiver, étincelle ;
La gouttière où s’abreuve, en été, l’hirondelle ;
Le vieux volet qui geint sur le gond tout rouillé ;
Le mur gris qui se fend par le temps éraillé…
Je revois la fenêtre où la vitre irisée
Se mouillait, au matin, d’une larme rosée ;
Le cep dont les rameaux, tout chargés de raisins,
En festons tortueux, grimpaient chez nos voisins ;
Et l’escalier branlant toujours veuf d’une marche ;
Et le noyer courbé comme un vieux patriarche ;
Le jardin, le verger, la fontaine, l’étang,
Les deux saules pleureurs où s’abritait un banc.
Ô matins pleins d’azur ! ô beaux soirs pleins de rêves !
Ô soleil d’autrefois, tout joyeux tu te lèves
Quand mon regard se plonge en ces brumeux lointains
Où dort le souvenir des bonheurs enfantins !