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L’ARBRE DU CIMETIÈRE.



Près du mur écroulé, longeant le cimetière,
Il est un chemin creux que le soir rend désert ;
Et sur l’un de ses bords, comme un vieux solitaire,
                Vit un peuplier vert.

L’arbre croit ; chaque année, allongeant sa ramure,
Son ombre s’agrandit sur le funèbre enclos,
Et les morts, à l’abri sous sa frêle verdure,
                Goûtent mieux leur repos…

Quand la brise, en passant à travers le feuillage,
Module doucement d’indicibles accords,
Le passant croit ouïr, dans son triste langage,
                L’arbre parler aux morts :

Dormez ! reposez-vous dans vos couches d’argile,
Enfant que Dieu reprit au milieu de ses jeux,
Jeune homme au cœur vaillant, vierge au regard tranquille,
                Vieillard aux blancs cheveux…