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AMÉLIE

— Ouvrez, c’est moi, dit sa femme, ouvrez.

Je tremblais qu’il ne commît cette imprudence ; mais heureusement, il ne le fit point. Nous nous rajustâmes du mieux qu’il nous fut possible, et Verneuil descendit par le petit escalier pour appeler le laquais qui devait protéger ma sortie, comme il avait assuré mon entrée. Son absence ne fut pas longue ; il revint, accompagné de ce laquais, auquel il me remit en m’abandonnant à ses soins. Pour lui, il est présumable, d’après ce qu’on va voir, que n’étant resté dans le boudoir que le temps nécessaire à mon évasion, il était immédiatement sorti, pour n’avoir pas d’explication avec sa femme.

Au lieu de me faire descendre l’escalier, ce laquais m’avait fait entrer par une porte qui se trouvait sur le même carré, en face de celle du boudoir. Il m’avait donné pour raison de cette différence, la crainte où il était que madame de Verneuil ne nous fît guetter par cet endroit, qui était la sortie naturelle du boudoir, et il me fit entendre qu’il n’y avait, pour échapper à sa poursuite, que le moyen de gagner le grand escalier.

Je crus bonnement cet imposteur, et je le suivis sans hésiter. Quand il m’eut fait traverser plusieurs pièces, à ce que je présume, car nous n’avions point de lumière, il me fit asseoir et me dit qu’il allait examiner s’il n’y avait personne à la découverte ; jusque là rien n’était