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AMÉLIE

dation, en laissant toujours les désirs se succéder les uns aux autres. Pénétré de ces principes, il se serait bien gardé d’exposer à ses regards l’universalité de mes charmes ; il avait soin, au contraire, de voiler ceux qu’il avait déjà parcourus, à mesure qu’il en découvrait d’autres ; de sorte qu’il était possible que les mêmes redevinssent plusieurs fois l’objet de ses désirs. Je ne fus donc point obligée de me déshabiller. Il prit lui-même, bien volontiers, ce soin ; car c’était une nécessité pour lui de le faire, s’il voulait mettre ses leçons en pratique ; enfin, quand il eut épuisé tous les préliminaires que sa sensualité lui inspirait, il me joignit sur le lit, où il m’avait étendue depuis longtemps, et préparée, comme je l’étais, par tout ce qu’il avait mis en usage pour m’enflammer ; je le reçus dans mes bras, où il dut s’apercevoir, aux transports auxquels je me livrai, que sa leçon n’avait pas été infructueuse.

Déjà trois fois, je ne dirai pas l’amour, mais un je ne sais quel être qui lui ressemble fort, m’avait fait sentir son pouvoir redoutable ; déjà l’ardent Verneuil cherchait à retrouver ses forces énervées, dans un de ces moyens que le dieu du plaisir permet à ses favoris : on frappe à la porte du boudoir avec une force incroyable : nous ne répondons point ; on redouble. Verneuil, impatienté, demande avec humeur qui vient ainsi le troubler ?