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AMÉLIE

par un escalier dérobé, où je ne serais vue de personne. Je fis d’abord quelques difficultés de suivre ce laquais ; mais comme il m’assura que je pouvais être parfaitement tranquille, je me laissai conduire, sans faire d’autre observation ; je l’avouerai même avec franchise, je mis une sorte d’orgueil à être préférée à madame de Verneuil ; et l’idée de faire faire à son mari une infidélité, pour ainsi dire, sous ses yeux, rendit la scène plus piquante. N’est-ce pas le comble de la dépravation ? N’importe, ce fut là la raison qui me fit braver les dangers que je pouvais courir, si nous étions découverts.

Je suivis donc mon guide : il m’introduisit mystérieusement dans une pièce de l’appartement de son maître, qui vint un instant après m’y rejoindre. C’était une espèce de boudoir dans lequel se trouvait un lit orné de glaces. Plusieurs bougies éclairaient ce petit réduit, fait pour recevoir l’Amour, et où peut-être il ne s’était jamais trouvé, même depuis le mariage de Verneuil.

Aussitôt qu’il fut entré, il ferma au verrou la porte qui communiquait de cette pièce aux autres appartements, et l’on ne tarda pas à s’occuper de l’objet qui m’attirait dans cette maison.

Ce voluptueux jeune homme, qui connaissait tous les raffinements de la jouissance, avait observé que, pour jouir véritablement, il faut ménager le plaisir, et ne s’y livrer que par gra-