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AMÉLIE

pas dans l’obscurité ; enfin nous revoyons la lumière, et les allées épaisses d’un bosquet délicieux.

— Venez, mesdemoiselles, nous dit en riant notre guide, je vais vous conduire où vous désirez d’aller.

Il nous fait prendre un chemin couvert, et nous arrivons à une salle de verdure, entourée de marronniers, qui laissent à peine le jour pénétrer leur feuillage ; une statue en marbre, représentant l’Amour, est au milieu de cette salle.

— C’est ici, nous dit-il, que l’Amour, ou si vous l’aimez mieux, que la Folie a, depuis longtemps, établi son temple ; je vous crois toutes dignes d’être initiées dans les mystères qui me sont révélés ; et vous allez être consacrées par des voies différentes : qu’on se dépouille de tous ces vains ornements du luxe, pour paraître aux yeux de la divinité que nous allons adorer, comme les enfants de la nature, quand ils invoquent le soleil.

Et tout en parlant, il s’était déjà débarrassé de ses vêtements.

Nous nous regardions comme pour nous demander si nous devions en croire le grand-prêtre, qui nous exhortait.

— Eh quoi ! vous balancez, profanes que vous êtes, nous dit-il d’une voix qu’il semblait emprunter du dieu dont il était rempli. Vous