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AMÉLIE

placer chez une femme qui me procurerait les moyens de regagner, en peu de temps, tout ce que j’avais perdu.

— J’ai votre affaire, me dit-elle ; dès demain matin je vous présenterai à une de mes amies, qui n’admet chez elle que des gens comme il faut ; vous y trouverez l’utile et l’agréable.

Elle me tint parole : le lendemain, elle vint me prendre et me conduisit rue de Richelieu, chez madame Dupré, son amie. Cette femme, à laquelle j’eus le bonheur de plaire, me fit l’accueil le plus flatteur, et témoigna à mon introductrice sa reconnaissance, de la préférence qu’elle lui avait donnée sur beaucoup d’autres, qui auraient été bien flattées de me recevoir. Je lui fis quelques compliments pour toute réponse, et nous convînmes de nos faits.

Le lendemain, je fus admise au nombre des sultanes qui composaient son sérail. En me présentant aux deux compagnes qu’elle allait me donner, elle nous dit qu’à présent elle était sûre que l’amour ne déserterait pas sa maison, puisqu’elle était parvenue à y réunir les trois Grâces. En effet, ces deux jeunes filles étaient infiniment jolies ; et la Dupré, pour me faire sa cour, ne cessait de me répéter que j’étais encore plus jolie qu’elles.

Quelques jours suffirent pour me lier étroitement avec ces charmantes filles ; la bonne Dupré, de son côté, fit tout ce qui dépendait d’elle