Page:Amélie, ou Les Écarts de ma jeunesse, 1882.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67
AMÉLIE

cédé, et pour lui faire sentir toute son injustice ; mais après m’avoir écoutée patiemment pendant quelque temps, lassée d’entendre des vérités dures, elle me laissa seule et se retira dans sa chambre : je l’y suivis, bien déterminée à ne la laisser en repos que lorsque je l’aurais trouvée plus raisonnable. Elle feignit enfin de se rendre à mes sollicitations ; m’allégua différentes raisons pour m’engager à cesser mes importunités, et me promit que le lendemain ne se passerait pas, sans que tout fût terminé entre nous.

Il fallut bien se résoudre à lui accorder le délai qu’elle exigeait ; j’y consentis, d’ailleurs, d’autant plus volontiers, que je crus qu’il lui était nécessaire pour lui donner le temps de remplacer ce dont elle avait pu faire usage ; car je ne pouvais pas me persuader qu’elle eût réellement l’intention de me voler.

Le lendemain, elle sortit de très bonne heure, et ne rentra point de la journée. J’augurai bien de cette absence, qui semblait me confirmer dans l’idée, que j’avais eue la veille, qu’elle s’occupait de moi. Il était nuit quand, à mon grand étonnement, elle revint avec l’inséparable Lechesne, suivi de deux hommes, dont la tournure sinistre n’annonçait rien de bon.

J’avais attendu son retour avec tant d’impatience, que je lui laissai à peine le temps de se reposer, et je profitai d’un moment où elle