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AMÉLIE

Il me fit quelques compliments, vint s’asseoir auprès de mon lit, et sans autre cérémonie, le téméraire glissa sa main sous le drap, me prît la gorge, et s’empara d’une de mes mains, qu’il baisa malgré mes efforts pour l’en empêcher. Je le repoussai brusquement, et m’enveloppai de manière à augmenter les difficultés de l’entreprise, mais ce fut en vain ; car, dès qu’il s’en aperçut, il se leva, et je me trouvai bientôt sans drap ni couverture. Profitant de cet avantage, il s’élance sur le lit pour se saisir de moi ; au mouvement que je lui vois faire, je suis bientôt debout, et dans l’instant où il veut me serrer dans ses bras, furieuse, je lui passe les miens autour du cou ; nous nous tenons quelques instants dans cette posture ; mais enfin, un effort pour me faire tomber sur le lit, un autre de ma part pour lui résister, nous entraînent tous les deux et nous précipitent en bas du lit. Heureusement qu’il eut le dessous dans cette catastrophe ; je ne me fis aucun mal en tombant sur lui, et le malheureux reçut à la tête une blessure qu’à tous égards il avait bien méritée. Cette chute me débarrassa d’un adversaire opiniâtre, qui commençait à se faire redouter.

Je ne voulais cependant pas jouer la prude dans cette circonstance ; je l’aurais même été de bonne foi, qu’on ne voudrait pas me croire ; mais deux fortes raisons m’empêchaient de me rendre à ses désirs ; d’abord, c’est que je ne me