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AMÉLIE

dit-il, ma chère petite sœur, je veux réparer tous les torts de mon frère : vous êtes libre ; venez demeurer avec moi, nous serons parfaitement heureux.

Je lui observai que tout s’opposait à l’exécution de ce projet ; que mes liaisons avec son frère étaient un obstacle invincible à notre réunion ; que je ne pouvais le suivre sans offenser les mœurs et me rendre criminelle (car je voulais qu’il me crût des principes) : tout fut inutile ; une passion subite enflamma son esprit ; il me déclara que rien ne lui coûterait pour en venir à ses fins ; que c’était à tort que je cherchais des excuses pour ne pas me rendre à ses désirs. J’étais seule alors ; ma domestique venait de sortir, et le confident de Joseph, qu’un signe de ce dernier avait fait disparaître, sans que je me doutasse de ses desseins, m’avait laissée à la merci du frère de mon malheureux amant : il court vers la porte, met les verrous, revient, me prend dans ses bras, et me couvre de baisers enflammés, dont l’ardeur pénètre malgré moi dans mes veines. En vain je veux lui résister ; un bras nerveux, dont il me ceint le corps, suffit pour m’étendre sur le lit, où mon vainqueur s’élance ; et bientôt, plus fortuné que son frère, il jouit d’un bonheur que Georges n’avait fait qu’entrevoir.

Nous en étions là de cet exploit, lorsque nous entendîmes un bruit épouvantable à la porte de