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AMÉLIE

complaisance, et il me tint parole ; je couchai ce jour-là même dans mon nouveau logement.

On a bien raison de dire que l’imagination fait tout : je l’éprouvai, car je fus à peine dans cet appartement, que m’y croyant plus en sûreté, je n’eus plus la moindre inquiétude.

Richeville, qui m’y avait accompagnée, me dit, en se retirant, qu’il serait deux ou trois jours sans me venir voir, pour que, dans le cas où on l’épierait, on ne pût pas découvrir l’endroit où je m’étais retirée.

J’y restai donc seule avec une femme qu’il me donna pour me servir.

Le lendemain matin on vint frapper à la porte ; j’hésitai quelque temps à faire ouvrir ; cependant, n’ayant pas le moindre soupçon sur Joseph, qui ne pouvait pas encore, selon moi, être parvenu à me retrouver, je fis entrer. Mais, oh ciel ! quel fut mon étonnement, quand je le vis, avec un inconnu, se précipiter dans l’appartement.

— Mademoiselle, me dit-il, il ne s’agit pas de fuir un éclaircissement qui m’est nécessaire ; vous pouvez vous expliquer devant monsieur, qui est homme de loi, et que j’ai amené ici pour recevoir votre déclaration. Il importe à ma famille et à moi de savoir ce qu’est devenu mon frère, et vous seule êtes en état de m’en donner des nouvelles.

Ce début m’intimida d’abord, et je fus un peu