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AMÉLIE

moi, avec notre généreux inconnu, à sept heures du soir ; on courut toute la nuit, et le lendemain dans l’après-midi nous arrivâmes à Paris. Nous nous attendions à trouver chez notre père adoptif la famille qu’il nous avait annoncée ; mais nous ne vîmes en entrant que deux domestiques qui s’empressèrent beaucoup autour de leur maître, sans faire la moindre attention à ses compagnes de voyage.

Cependant, le maître de la maison nous conduisit au salon, sortit, et revint un instant après nous dire qu’il était désespéré que sa femme et ses enfants ne fussent point au logis pour nous tenir compagnie, comme il nous l’avait promis, mais qu’ils ne tarderaient pas à revenir de la campagne où ils étaient allés passer quelques jours, n’espérant pas le revoir si tôt.

Nous le crûmes sans peine, parce que l’air de vérité qu’il mettait ordinairement dans ses discours, nous avait, pour ainsi dire, habituées à le croire sur parole. Il nous fit donner à chacune une chambre, et après avoir, par ses soins, réparé nos forces, nous allâmes goûter, dans les bras du sommeil, un repos nécessaire.

Le lendemain matin on nous fit descendre au salon pour prendre le café ; notre hôte nous combla d’honnêtetés et de caresses ; et nous avions à peine fini de déjeuner, que deux marchandes qu’il avait fait venir, nous présentèrent, de sa part, plusieurs étoffes dans lesquelles il