Page:Amélie, ou Les Écarts de ma jeunesse, 1882.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
33
AMÉLIE

me ferai un vrai plaisir de vous y conduire.

L’offre était trop généreuse, et nous étions trop fatiguées, pour ne pas l’accepter. Nous voilà donc montées, assises sur la paille, et la voiture reprend son train.

— Il faut que vous ayez de grandes affaires, mesdemoiselles, nous dit notre conducteur, pour être ainsi seules sur un grand chemin, à deux heures du matin. Je suis étonné du courage qui vous fait braver les dangers que l’on court sur les routes.

— Notre voyage était indispensable, lui répondis-je, et comme nous étions à pied, il fallait partir avant le jour, pour trouver les personnes chez lesquelles nous nous rendons.

Mille autres mensonges servirent de réponses aux questions sans fin, que ce bavard ne cessa de nous faire.

Enfin le jour paraissait comme nous entrions dans Orléans. Nous descendîmes de voiture : j’offris au conducteur de payer les places qu’il nous avait fait prendre ; mais il ne voulut rien qu’un baiser de chacune de nous, en nous disant adieu.

Nous avions grand besoin de repos ; aussi nous cherchâmes promptement une auberge, où, après avoir amplement déjeuné dans une petite chambre que nous demandâmes exprès, nous nous mîmes au lit, où le sommeil nous retint jusqu’à l’heure du dîner.