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AMÉLIE

Je me rends à l’avis d’Adélaïde, je lui donne le bras, et nous suivons, dans le bois, le premier sentier qui s’offre à nous.

Nous marchons quelque temps sans nous reposer ; à la fin, la fatigue nous force de nous arrêter : nous nous couchons par terre, et un quart d’heure de repos suffit pour rendre à nos jambes l’activité qui leur était si nécessaire. Nous nous trouvons enfin sur la grande route. Incertaines de savoir de quel côté tourner, nous prenons au hasard sur notre droite, et à une lieue environ, nous trouvons un village. Il n’était point encore jour, personne n’était levé : nous nous décidons à poursuivre notre route, remettant à demander des éclaircissements dans le premier endroit où nous passerons.

Nous n’avions pas fait une demi-lieue, que nous sommes devancées par une petite voiture, qui portait des provisions à la ville voisine.

— Questionnons le conducteur, me dit Adélaïde, et sachons au moins où nous allons.

Et sans attendre ma réponse, elle court après la voiture, et interroge le conducteur qui a la complaisance de s’arrêter ; ce qui me donne le temps de les rejoindre.

— Sommes-nous bien éloignées de la ville, monsieur, lui dit Adélaïde ?

— À trois lieues, mademoiselle, d’Orléans, où je vais ; et si vous voulez prendre chacune une place dans ma voiture, telle qu’elle est, je