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AMÉLIE

qu’elle fut dehors, il mit les verrous, quitta son habit, vint à moi, me prit dans ses bras, et m’étendit sur le lit, malgré les efforts que je fis pour m’opposer à cette violence.

Georges, indigné, était sorti de dessous le lit. Il prend une pincette, seule arme qui soit en sa disposition, et en décharge un coup sur le derrière de la tête du marquis. Ce coup inattendu le fait tomber par terre ; mais bientôt, reprenant ses sens, il se relève et se précipite sur Georges. Celui-ci, qui guette tous ses mouvements, se jette en même temps sur lui ; et les voilà aux prises, se portant, l’un et l’autre, des coups qui font ruisseler le sang sur leurs visages. Ils se débarrassent enfin des mains l’un de l’autre ; le marquis se recule et sort de sa poche un pistolet, dont il ajuste son adversaire. Georges ne lui donne pas le temps de lâcher la détente ; furieux, il se jette sur lui et lui arrache des mains cette arme meurtrière. Le marquis désarmé, en reprend un second, tire sur Georges, qui, heureusement, évite le coup, et a le temps d’ajuster le marquis, qu’une balle, dans la poitrine, renverse au pied du lit.

Pendant ce temps, à genoux sur le lit et les mains levées au ciel, j’attendais, en invoquant les dieux, l’issue de ce combat, et quand je vis tomber l’infâme marquis :

— Je vous demande pardon, grands dieux ! m’écriai-je, d’avoir douté de votre justice. Tôt