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AMÉLIE

tière, sans que j’entendisse parler de qui que ce fût. Le lendemain matin, Adélaïde rentra et m’assura que le soir même elle nous délivrerait, Georges et moi, de la captivité où on nous retenait ; que pour prix de ses soins, elle nous demandait seulement la permission de nous accompagner. Je le lui promis bien volontiers, et je me levai.

Dès qu’Adélaïde eut ouvert les contrevents de la croisée, je m’empressai d’y courir pour voir si je ne reconnaîtrais pas les lieux qui environnaient ma prison ; mais elle donnait sur un bois dans lequel je ne remarquai point de chemin pratiqué ; et la chambre où j’étais me parut être à plus de trente pieds d’élévation de la terre. Il n’était pas possible de s’échapper par là, sans se mettre en danger de périr en tombant ; néanmoins, j’aurais encore préféré ce moyen de fuite, au sort auquel je me voyais condamnée, si Adélaïde ne m’eût assurée qu’elle avait découvert un endroit par où nous pourrions nous évader, sans nous exposer à un aussi grand danger. Je la laissai donc maîtresse absolue de ma destinée, et je fis des vœux ardents pour notre délivrance.

On me laissa parfaitement tranquille toute la journée ; la seule peine que j’éprouvai, fut de la voir s’écouler aussi lentement. Enfin, la nuit arriva. Adélaïde m’avait quittée depuis environ deux heures ; je ne savais ce qu’elle était deve-