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AMÉLIE

moi à son associé, qui voulut absolument me voir : je me liai très étroitement avec sa femme, et trois mois après mon arrivée à Rome, je devins l’épouse de mon amant.

Les fonds que j’apportai dans le commerce donnèrent à notre maison une nouvelle activité, ce qui nous mit dans le cas de faire en très peu de temps une fortune brillante. Aussi, après avoir passé dix années dans cette société à travailler utilement, nous réalisâmes notre portion pour revenir en France jouir paisiblement du fruit de nos travaux.

Arrivés à Orléans on nous apprit que le père de Georges y était mort depuis huit ans ; que Joseph avait péri sur mer en allant aux Grandes Indes ; de sorte que la succession du père de mon mari était tombée entre les mains d’avides collatéraux, qui en avaient déjà dissipé une grande partie. Il en recueillit cependant quelques débris chez les plus honnêtes d’entre eux, et en tira environ cent mille francs.

À l’égard de mon oncle, il était mort presque aussitôt mon départ, après avoir fait un testament par lequel il avait légué son bien à un ami intime qu’il avait dans le village.

N’ayant donc, ni l’un ni l’autre, personne qui nous attachât dans ce pays, il nous était indifférent d’aller demeurer ailleurs : ce qui fut cause que Georges fit l’acquisition de la terre où nous vivons, en Touraine. Mon mari y fait valoir ses