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AMÉLIE

rer, pour l’avenir, le repos et la tranquillité nécessaires après une vie orageuse.

Parfaitement rassurée sur son amour, que je craignais d’avoir affaibli par la peinture de mes actions, quoique je les eusse un peu dégagées du mauvais vernis qui les couvrait, je me sentais bien disposée à accorder à sa tendresse le prix tant désiré d’une constance à toute épreuve ; il me pressait aussi très vivement de me rendre à ses ardents désirs ; mais j’avais fait un serment que je ne voulais pas violer ; je résistai aux tentations de toute espèce qu’il me fallut éprouver ; je poussai même la rigueur jusqu’à lui dire qu’il ne devait rien attendre de mon amour que l’hymen (s’il me croyait encore digne d’aspirer à ce bonheur) n’eût resserré plus étroitement les liens qui nous unissaient dès l’enfance. Cette privation était un sacrifice que j’offrais à la vertu pour expier mes dérèglements.

Georges, fâché de ma résistance, mais forcé d’admirer l’effort pénible que je faisais pour suivre ma résolution, me quitta pour retourner chez lui, où il n’avait pas paru de toute la journée. Il m’avait promis de revenir souper avec moi, il me tint parole. Ce fut dans ce moment que nous fîmes nos petits arrangements, et dès le lendemain on commença de les exécuter. Il me loua un appartement dans son quartier, et tous les jours j’avais le plaisir de l’y recevoir. Enfin, au bout de quelque temps, il parla de