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AMÉLIE

Je ne pus m’empêcher de le plaindre des chagrins que la perfide Adélaïde lui avait causés ; mais en y réfléchissant avec plus d’attention, nous trouvâmes des raisons pour nous féliciter de sa conduite, car nous lui devions encore le bonheur d’être réunis, puisque sans l’horrible moyen qu’elle avait employé pour rompre le mariage de mon amant avec l’intéressante Cécile, nous étions à jamais perdus l’un pour l’autre.

Georges, à son tour, voulut que je l’instruisisse de ce que j’étais devenue, depuis le temps que nous ne nous étions vus, et surtout du hasard singulier qui m’avait conduite précisément au lieu de sa résidence. Je le priai de me permettre de ne lui faire qu’un récit succinct de mes aventures, et d’en remettre les détails à un autre temps. Je lui en racontai cependant assez pour lui laisser voir que ma conduite n’avait pas été des plus régulières ; et je l’engageai à me pardonner des fautes dans lesquelles je ne serais sûrement pas tombée, si j’eusse pu prévoir que j’aurais un jour à en rougir en sa présence. Je ne sais s’il avait aussi quelques reproches à se faire, et si, par cette raison, il était plus porté à l’indulgence, mais il me dit, en m’embrassant :

— Allons, tirons le rideau sur le passé, puisqu’il n’a pas été en notre pouvoir de l’éviter ; jouissons du présent, et tâchons de nous prépa-