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AMÉLIE

fidie, à la honte de paraître criminel aux yeux d’une famille vertueuse, qu’il m’était impossible de désabuser. Je ne voulus pas attendre qu’on me signifiât mon congé, je partis le lendemain, avant le jour, sans dire adieu à personne ; et je ne laissai à l’indigne Adélaïde que le regret d’avoir fait, sans profit, une action abominable.

Mon projet étant de m’éloigner assez pour qu’on n’entendit jamais parler de moi, je dirigeai ma marche vers l’Italie. J’arrivai à Chambéry, en économisant beaucoup l’argent que j’avais épargné chez le père de Cécile ; mais je me voyais très embarrassé pour continuer ma route, quand un jeune seigneur napolitain qui allait passer quelque temps à Rome après avoir parcouru l’Allemagne et la France, s’arrêta dans l’hôtellerie où j’étais logé. J’eus occasion de lui parler plusieurs fois ; il me prit en amitié et m’offrit de me conduire dans cette ville, où j’arrivai avec lui, environ deux ans après notre séparation. Comme il avait des lettres de recommandation, il me présenta chez différentes personnes qui me reçurent parfaitement bien, et dans lesquelles j’ai trouvé, par la suite, de sincères amis. J’ai d’abord travaillé comme commis chez plusieurs négociants de cette ville ; et depuis dix-huit mois, je suis associé dans une maison de banque des plus accréditées.


Tel fut le récit de Georges.