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AMÉLIE

Quand je fus dehors, le souvenir de ma conduite inconséquente envers Cécile et son père, vint se retracer dans toute sa force à mon imagination. Que pouvais-je leur dire pour excuser cette faute ? de quel œil voyaient-ils la légèreté impardonnable qu’ils devaient me reprocher ? Tel était le fond des questions que je me faisais en retournant au logis. Lorsque j’y arrivai, il était encore de bonne heure ; tout le monde était couché ; je regagnai ma chambre pour tâcher de trouver, dans un sommeil de quelques heures, l’assurance dont j’avais besoin pour me représenter devant le père de Cécile qui me ferait, à coup sûr, des reproches mérités.

J’étais déjà remis à mes occupations ordinaires quand il parut : en entrant dans le magasin où j’étais, il vint à moi d’un air sévère et me demanda quelle était cette femme qui m’avait entraîné avec elle et dont j’avais préféré la société à celle de sa fille ; je voulus lui cacher la vérité : je cherchai un mensonge qui ne put la remplacer, et il me quitta, persuadé que j’avais été en mauvaise compagnie, puisque je refusais de la lui faire connaître. Cécile, de son côté, ne me donna pas l’occasion de me justifier ; elle évita de se trouver seule avec moi pendant toute la journée. Je n’en fus pas très fâché, parce que cette circonstance me donnait le temps de me préparer sur ce que j’avais à lui dire pour ma défense. Je me persuadais que le