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AMÉLIE

« Vous êtes libre, Georges, par la mort d’Amélie, dont il ne faut plus douter ; les serments que vous lui aviez faits sont péris avec elle ; vous pouvez donc contracter de nouveaux engagements. Je suis jeune et assez riche pour nous deux ; acceptez ma main ; je vous aime assez pour vous faire oublier la perte que vous avez faite. »

Cette déclaration précipitée était loin de produire l’effet qu’Adélaïde s’en promettait. En supposant que je me décidasse à former un nouvel engagement comme elle m’y excitait, j’en avais de trop sacrés avec Cécile et son père, pour les rompre en faveur d’une femme que je n’avais vue qu’un instant ; pour laquelle aussi je n’avais point de sacrifice à faire. Je la remerciai de ses bonnes dispositions pour moi ; je lui fis entendre qu’il m’était impossible de profiter de ses offres.

Elle voulut connaître mes raisons : je les lui donnai sans hésiter ; je ne fis pas même difficulté de lui dire que j’avais instruit le père de Cécile de tout ce qui te concernait, et que j’étais dans l’intention de lui faire part des dernières nouvelles qu’elle me donnait. Elle parut approuver mes résolutions ; me demanda le nom et la demeure du négociant chez lequel je demeurais. Je satisfis à cette question, qui me paraissait sans conséquence, et je sortis en lui promettant de la revoir avant son départ.