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AMÉLIE

en haut l’intéressante Cécile dans une inquiétude mortelle sur mon absence, qui violait à son égard toutes les lois de la tendresse et de la reconnaissance. Je fis un pas pour remonter…

Ah ! mon aimable amie, pardonne-moi ce premier mouvement de l’honneur, qui exigeait davantage ; j’en fis deux pour prendre la main de la fausse Amélie, qui me la tendait, en m’invitant à l’accompagner jusque chez elle. Mon erreur, qui se prolongeait encore, me fit entendre ta voix touchante ; je lui obéis et je fus ingrat envers mes bienfaiteurs, pour courir après une ombre qui devait bientôt m’échapper.

L’inconnue était logée dans un hôtel situé sur le port, à une très grande distance du bal où je l’avais rencontrée. Nous n’avions point de voiture pour nous y conduire, de sorte que le chemin fut très long : le jour commençait à paraître quand nous arrivâmes. Le temps employé à faire le chemin, l’avait été aussi en partie à entendre mille questions sur ce que j’avais fait depuis l’aventure de la forêt d’Orléans, sur la belle dame à laquelle je donnais la main dans le bal ; et tout cela avec un intérêt si vif, qu’il n’y avait pas de doute que je fusse aimé de la personne qui m’interrogeait avec une sollicitude si tendre : c’était donc toi, mon aimable Amélie ; tu m’allais être rendue ; tous les avantages d’une autre union disparaissaient devant toi : j’allais retrouver dans mes pre-