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AMÉLIE

questions que je me faisais, sans trouver assez de présence d’esprit pour en résoudre une seule.

Nous retrouvons enfin le père de Cécile, qui était assis avec son ami tout près d’une fenêtre qu’on avait ouverte pour renouveler l’air. On fit place à Cécile : et je me tins un instant debout devant elle. Je bouillais d’impatience de trouver un prétexte pour quitter décemment la compagnie et me mettre à la poursuite de mon inconnue : il ne s’en présentait aucun. Cependant, au bout d’un quart d’heure, un jeune homme de ma connaissance, que j’avais déjà rencontré dans le bal, passe en saluant la compagnie ; je le prends par le bras, le pousse en avant : il m’entraîne en riant, et nous voilà partis. Nous n’avions pas fait trente pas, que le masque qui m’occupait plus que tout le reste, et qui de son côté ne m’avait pas perdu de vue, reparaît, passe et repasse deux ou trois fois à côté de nous. Je l’examinais de la tête aux pieds, avec une attention particulière, pour tâcher de découvrir dans sa taille ou dans sa démarche ce qu’était cette femme qui paraissait instruite de particularités qui me touchaient de si près : je crus un moment deviner que c’était toi ; mais en mesurant des yeux la taille de cette femme, je la jugeai plus grande, mon espoir m’abandonna. Cependant, comme je ne t’avais pas vue depuis plus de vingt mois, il était possible que tu eusses pris de la force ; cette réflexion ranima mes espé-