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AMÉLIE

lante : Cécile en fut enchantée, et je vis avec satisfaction qu’une démarche, qu’elle avait faite pour me procurer un moment d’agrément, lui donnait aussi de véritables plaisirs.

Nous parcourions depuis une heure au moins les différentes salles où la variété des costumes et des décorations, qui font l’ornement d’un bal masqué, attire l’œil avide de voir ces curiosités toujours nouvelles, parce qu’elles sont rares ; Cécile, un peu fatiguée, voulut prendre quelques rafraîchissements ; je la conduisis à un buffet qui se trouvait dans l’un des angles de la salle où nous étions alors. Son père, qui avait rencontré un de ses amis, nous avait quittés pour un moment et devait nous y rejoindre.

Nous nous débarrassions, tout en y allant, des masques qui nous avaient beaucoup échauffés, lorsqu’en approchant de ce buffet, où je n’avais de loin remarqué que deux femmes qui venaient de reprendre leurs masques, l’une d’elles, en me voyant, recule avec un mouvement qui marquait l’épouvante, tombe assise sur une banquette qui venait finir à l’entrée du buffet, et laisse aller ses deux bras comme une personne qui vient d’éprouver un saisissement violent à l’apparition subite d’un spectre ou d’un homme dont elle croit avoir à se plaindre.

Aussitôt que je m’aperçois de son état, je m’empresse de lui offrir les secours qu’il est en mon pouvoir de lui donner : je veux délier le