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AMÉLIE

bras de mes amis, et me punir, par je ne sais quel châtiment, des maux que je lui ai fait endurer par ma démarche inconsidérée. Je ne pouvais pourtant pas me dispenser d’obéir aux ordres que le père de Cécile m’en donnait : mon cœur aussi se joignait à lui pour m’y engager ; mais ce qui m’aurait déterminé, c’était l’espérance dont je me flattais, que mon père s’apaiserait en faveur de mes amis, auxquels il sentirait qu’il a de véritables obligations, et qui, de leur côté, ne manqueraient pas d’intercéder pour moi.

Dès qu’on crut apercevoir que je ne m’abandonnais plus si constamment à mes rêveries, on voulut achever ma guérison. On me procura toutes sortes de dissipations. J’hésitais toujours à écrire cette lettre que mes frayeurs me faisaient trouver si difficile à tracer, quand une rencontre bien singulière m’ôta l’envie et la possibilité de le faire.

On venait de donner une réjouissance publique à l’occasion d’un événement heureux qui avait rendu la paix à deux nations rivales ; elle avait duré plusieurs jours et se terminait par une illumination générale, à la suite de laquelle la ville donnait un bal de nuit. On saisit cette occasion, on me demanda si je voulais y accompagner Cécile et son père, qui se proposaient d’y aller ; je le promis, et vers minuit je me rendis avec eux au lieu de l’assemblée. Elle était bril-