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AMÉLIE

Ces détails l’intéressèrent infiniment, et ne lui laissèrent, à mon sujet, aucune impression défavorable ; il me remercia, au contraire, de cette marque indubitable de confiance.

— L’aveu que vous venez de me faire, me dit-il, mon cher ami, n’a rien diminué de l’estime que j’ai pour vous. On n’est pas criminel, on n’a pas un mauvais cœur, pour avoir fait quelques étourderies de jeunesse. Une faute légère qu’on a sentie, et que le repentir a suivi de près, a toujours préservé celui qui l’a commise d’en faire de plus graves. Je ne change rien aux projets qui vous concernent, j’exige seulement de votre amitié que vous cherchiez à vous réconcilier avec votre père.

Il fut arrêté que je lui écrirais pour obtenir de sa tendresse paternelle le pardon qui m’était nécessaire avant d’épouser Cécile. Je demandai seulement quelques jours, pour avoir le temps de rassembler mes idées, dans une affaire aussi délicate que celle que j’avais à traiter.

Cette conversation avait un peu rétabli la tranquillité dans mon âme ; je me sentis soulagé d’un poids énorme par cette confidence qui ne m’avait rendu que plus cher à celui qui l’avait reçue ; je redoutais cependant le moment où mon père apprendrait par moi-même le lieu de ma résidence. Connaissant son caractère violent, il me semblait déjà le voir se mettre en fureur, prendre la poste, venir m’arracher des