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AMÉLIE

l’arrêter. Déjà plusieurs fossés avaient été traversés sans que le choc de la voiture eût pu ralentir sa course ; un autre, beaucoup plus grand, se rencontre sous ses pas, il le franchit de même, et quand nous fûmes en haut de la berge, nous nous trouvâmes sur le point d’être précipités dans un trou d’une profondeur immense, parce que le chemin qui se trouvait entre ce précipice et le fossé que nous venions de quitter, était à peine suffisant pour le passage de la voiture.

Dès que mon compagnon de voyage s’aperçoit du danger que nous courons, il s’élance hors du cabriolet et se tient un instant sur le brancard pour saisir le premier endroit favorable où il pourra se jeter à terre ; par malheur son pied glisse, et malgré ses efforts pour se retenir, il tombe à la renverse dans le précipice qu’il voulait éviter. Cette chute épouvanta tellement le cheval, qu’elle lui fit faire, en sens contraire, un mouvement précipité qui m’écarta du péril ; mais les deux pieds de devant lui manquèrent à la fois, il s’abattit dans le fossé où il était redescendu ; ce qui me donna le temps de sauter en bas du cabriolet qui, heureusement, ne fut point endommagé. Mon premier soin fut de sauter à la bride du cheval. Il se releva, tremblant de tous ses membres, et je le contins pendant quelque temps pour le rassurer.

Quand je vis qu’il était assez tranquille pour