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AMÉLIE

est sans cesse récréé par la variété des sites et la fertilité des vallons couverts de vignes et d’oliviers. Je descendis chez Moncène, où je fus parfaitement bien traitée pendant les deux jours que je séjournai dans cette ville, l’une des plus célèbres de la Toscane, mais qui n’offre rien de merveilleux, si ce n’est la cathédrale et la place du palais de la seigneurie.

Le troisième jour je repris ma route, dans l’intention de m’arrêter le soir à Ponte Centino, bourgade distante d’environ quinze lieues de Sienne ; je ne fus pas, à beaucoup près, aussi contente de mon voyage que les jours précédents ; car, quoique la route soit très belle, on n’y trouve que des montagnes peu fertiles, et il faut toujours monter et descendre, ce qui est très fatigant ; enfin il n’y avait plus que patience : il ne me restait qu’environ trois lieues à faire pour arriver au gîte. Je venais de traverser un petit endroit, appelé Redicofani. À trois quarts de lieue de là, j’aperçus de loin un cabriolet arrêté et un homme qui essayait de faire relever le cheval qui s’était abattu. Je redoublai le pas, et lorsque j’abordai ce voyageur, je le trouvai dans le plus grand embarras ; son malheureux cheval, excédé de fatigue, venait d’expirer sur la route.

— Pour Dieu ! ma belle dame, me dit-il, daignez me rendre un important service. Vous voyez l’accident qui m’arrive ; je suis trop