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AMÉLIE

principale ; je la trouvai suffisamment tendue. Pour ne pas lui donner le temps de se relâcher par un jeu inutile, je me levai brusquement en passant un bras autour du corps de mon aimable enfant, et tandis que, la bouche collée sur la sienne, d’une main je l’entraînais vers mon lit, de l’autre je dégageais cette corde enchanteresse des liens qui l’empêchaient de rendre les sons harmonieux que je voulais entendre. Quand les préparatifs de ce concert furent achevés, je me renversai sur le lit, et découvrant le pupitre où mon élève devait chanter sa première leçon de plaisir, je guidai sa voix d’abord tremblante, mais qui bientôt rassurée par mes encouragements, prit son essor et me fit éprouver des sensations si délicieuses, que toute ma raison se noya dans un torrent de voluptés.

Enivrée de plaisir, j’étais restée, sans aucun mouvement, étendue sur mon lit : Marcello, mollement penché sur moi, y ranimait pour ainsi dire sa jouissance, et puisait dans mes yeux et sur mes lèvres de nouvelles forces pour recommencer sa leçon ; je le serrais dans mes bras ; de nouveaux sons allaient se faire entendre : ô revers cruel ! pressée de jouir, et craignant de perdre la proie à laquelle je m’étais attachée, j’avais oublié de prendre les précautions nécessaires pour assurer nos plaisirs ; la porte de ma chambre était ouverte, la mère de Marcello entre, et furieuse de nous trouver dans