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AMÉLIE

Le lendemain de mon arrivée, je fis appeler cet enfant : quand il fut monté dans ma chambre, je l’embrassai tendrement et lui demandai s’il voulait me faire le plaisir de venir avec moi pour me conduire dans Florence, partout où il pourrait se trouver quelque chose d’intéressant à voir ; que je serais très reconnaissante de sa complaisance ; il me dit qu’il le voulait bien, si sa maman y consentait ; j’obtins cette permission, et nous partîmes.

Je ne suis pas naturellement curieuse ; mais je me ressouvenais d’avoir entendu dire qu’un duc de Saxe (je crois qu’il se nommait Albert) trouvait la ville de Florence si belle, qu’il avait coutume de dire qu’il ne fallait la laisser voir aux étrangers que les fêtes et les dimanches ; cette singularité me fit désirer de voir si cette capitale méritait tant de renommée : et en effet, quoique je ne fisse que la parcourir, j’en vis assez pour être convaincue qu’il n’y avait rien d’exagéré dans la description brillante qu’on m’en avait faite.

Toujours occupée de mon projet de plaisir, quand nous rentrâmes pour dîner, je fis monter avec moi mon jeune conducteur ; je bouillais d’impatience d’éteindre, dans cette nouvelle jouissance, l’ardeur brûlante dont je me sentais dévorée : mais ce n’était pas peu de chose d’amener Marcello, mon petit ami (car c’est ainsi que je l’appelais), au point de me faire