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AMÉLIE

j’eus la curiosité de compter l’or que j’avais reçue pour préparer les voies du salut à ma belle pénitente, et je trouvai dans la bourse, si bien défendue, environ mille écus de notre argent.

Satisfaite d’avoir en ma possession une somme aussi considérable, qui me mettait au-dessus du besoin, et en état de voyager pendant quelque temps, sans être obligée d’intriguer pour frayer à mes dépenses, je me promis bien de rester maîtresse de mon cœur, au moins tant que mon argent durerait ; et sans renoncer au plaisir qui était depuis longtemps pour moi un mal nécessaire, j’étais toute glorieuse de pouvoir choisir un objet capable de m’inspirer des désirs, après avoir été toujours forcée de condescendre à ceux des autres.

Plus heureuse que je ne l’avais encore été, puisque je ne dépendais de personne ; l’esprit dégagé de mes craintes, et fermement décidée à bannir toute inquiétude, à ne m’occuper que des jouissances que pourraient me procurer mon voyage et le chapitre des événements, je suivis la route de Florence, où mon intention était de séjourner quelques jours pour y voir à loisir toutes les curiosités que renferme cette superbe ville, dont j’avais autrefois entendu parler par un ami de mon oncle qui y avait voyagé dans sa jeunesse.

Rendue à Florence après deux petites journées de marche, sans qu’il me soit rien arrivé