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AMÉLIE

journée, pour me reposer de mes fatigues dans le sein de l’amitié qui venait de m’ouvrir, si tendrement, ses bras consolateurs.

Le lendemain matin, dès la pointe du jour, je me disposai à partir, parce que j’appréhendais que les événements de la veille ne m’eussent fait poursuivre. Mon hôte, que cette résolution chagrina beaucoup, parce qu’il avait intention de me garder quelque temps chez lui, me voyant décidée à ne pas m’arrêter davantage, pour arriver le plus tôt possible à Rome, où je supposai que j’avais des affaires importantes à terminer, m’offrit de me conduire jusqu’à Pise, qui n’était qu’à deux lieues de son habitation. J’acceptai volontiers pour ne pas m’égarer, et, après m’avoir forcée de prendre pour voyager plus à mon aise, une selle de femme qui lui était inutile depuis qu’il avait perdu la sienne, nous prîmes le chemin de Pise, où nous arrivâmes en très peu de temps. Je le quittai alors, après lui avoir témoigné toute ma reconnaissance de ses attentions, qu’il poussa jusqu’à me donner l’itinéraire de la route que je devais suivre pour me rendre à Florence.

Je mis le plus de célérité possible à m’éloigner du théâtre où tant d’événements m’avaient mise en danger, et je courus toute la journée sans m’arrêter, si ce n’est pour prendre les rafraîchissements qui m’étaient nécessaires, et faire reposer mon coursier. Le soir, à la couchée,