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AMÉLIE

Indignée du propos insultant d’un homme qui, dans le lit avec une jeune femme, et je le dis sans vanité, avec une jolie femme, ose regretter de n’y avoir pas trouvé un homme aussi vil que lui, je veux me lever dans l’intention de m’habiller et de rester debout toute la nuit, pour n’être pas exposée aux nouveaux outrages de ce revenant de Sodome ; il s’y oppose et me retient auprès de lui.

— Malgré ma haine décidée pour tout ce qui est femme, me dit-il, vous m’avez inspiré je ne sais quel sentiment, dont je ne suis plus le maître, et je sens qu’en votre faveur je puis vaincre ma répugnance, si vous voulez vous prêter à me laisser satisfaire un goût dominant, que jamais femme, autre que vous, ne pourra se flatter d’avoir pu contenter.

Je me doutai bien que ce goût n’était autre chose que celui dont il m’avait fait sentir les atteintes ; aussi l’horreur qu’il m’avait inspirée, loin de me permettre de condescendre à ses volontés, lui aurait fait refuser des plaisirs naturels, quand bien même il aurait voulu mériter, en les demandant, le pardon de ses infâmes désirs.

— N’espérez jamais, lui répondis-je, que je puisse me prêter à ce que vous exigez de moi ; si le malheur et la force des circonstances m’ont réduite à la honte de vous servir, n’abusez pas de l’empire que je vous ai donné sur moi, vous