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AMÉLIE

résister du moins aux désirs d’un homme qui n’avait point encore pu mériter mes faveurs. Mais quelle fut ma surprise, quand j’entendis le discours dégoûtant qu’il me tint !

— Mon cher ami, me dit-il en s’approchant et faisant tous ses efforts pour introduire ses mains dans mon lit, dont je lui fermai longtemps l’accès, je me félicite bien sincèrement de l’heureux hasard qui vous a fait tomber dans mes mains : il semble que le ciel, sans cesse occupé de mon bonheur, ne cherche que les occasions de me procurer les plus douces jouissances. Jeune comme vous êtes, vous n’avez pas sans doute encore connu les femmes : le poison qu’elles distillent dans le cœur des jeunes gens n’a pu corrompre le vôtre ; je puis donc me promettre de goûter avec vous, et de vous faire partager les plaisirs les plus délicieux. En achevant ces mots, il me donne un baiser qu’il m’est impossible d’éviter, et se place à côté de moi dans le lit.

J’avais bien entendu parler quelquefois de ces femmes qui, pour assouvir leur brutale passion, intervertissent l’ordre de la nature, en se plaçant au-dessous même des animaux ; et dégoûtée d’avance des plaisirs qu’un même sexe peut se procurer, par la répugnance que je me sentais pour ces sales voluptés, je ne me doutais pas du tout des moyens que quelques hommes vils employent pour s’amuser entre eux ; occupée seulement de la manière dont je cacherais à