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AMÉLIE

revenir le lendemain, de bonne heure, pour me donner des nouvelles de l’officier qu’il prenait pour mon maître, en lui recommandant bien de ne pas lui dire un mot de ce qui venait de se passer, parce que j’avais le plus grand intérêt qu’il ne sût pas ce que j’étais devenue. Il me promit de garder le silence sur tout ce qui pourrait me concerner, et de me donner les renseignements que je paraissais désirer.

Dès le soir même, je fis l’apprentissage de mon nouvel état ; car je fus obligée de servir à table et de préparer tout ce qui pouvait être nécessaire à celui dont le sort m’avait fait dépendre.

Le lendemain matin, le jeune domestique à qui je devais ma place vint me trouver pour m’apprendre ce qui s’était passé, à mon sujet, dans l’hôtel où j’étais descendue avec Fabricio. Celui-ci, furieux de ma fuite, et honteux de m’avoir vainement enlevée à la vengeance de sa sœur, avait juré ma perte s’il parvenait à me retrouver, et offrait une somme considérable à quiconque lui donnerait de mes nouvelles.

Je ne devais pas longtemps redouter sa fureur, puisque j’allais partir ; cependant j’attendis avec impatience l’heure du départ.

Elle arriva enfin ; quand je me vis en voiture, je me crus à l’abri des recherches de Fabricio, et rassurée sur ce que j’avais à redouter de ce forcené, je m’éloignai de Cadix avec autant de satisfaction que quand j’y étais entrée.